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Page:Renard - Le Vigneron dans sa vigne, 1914.djvu/132

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LE VIGNERON DANS LA VIGNE


peux sourire longtemps ainsi. Ça ne me fatigue pas.

— Monsieur, dit le photographe, c’est bien une vraie photographie que vous désirez, et non quelque image impersonnelle et vague, dont les flatteurs ne pourraient que dire poliment : « Oui, il y a quelque chose. »

— Je veux une photographie, dis-je, où il y ait tout, ressemblante, vivante, frappante, près de parler, de crier, de sortir du cadre, etc., etc.

— Qui que vous soyez, me dit alors le photographe, cessez donc de sourire. Le plus heureux des hommes préfère grimacer. Il grimace dès qu’il souffre, dès qu’il s’ennuie et dès qu’il travaille. Il grimace d’amour comme de haine, et il grimace de joie. Sans doute, vous souriez parfois aux étrangers, et il vous arrive de sourire à votre glace, quand vous êtes sûr que personne n’est là. Mais vos parents et vos amis ne connaissent guère de vous qu’une figure maussade, et si vous tenez à leur offrir un portrait que je garantisse, croyez-moi, monsieur, faites la grimace.