Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
132
le carnaval du mystère
besogne, dont rien ne le distrayait. Je profitai du bruit d’une lourde voiture pour m’approcher de lui par derrière, à pas de loup…
Oh ! Toute ma vie, je me rappellerai la vision déchirante : mon grand, mon cher Arnoldson, couché sur un cahier de classe et, d’une écriture hâtive et fantasque, alignant des mots sans suite, des mots d’enfant !
Quelle flèche invisible me transperça ? Une chaude et irrésistible montée noya mes paupières, et je me retirai silencieusement, la mort dans le cœur.
Nora m’attendait, immobile, appuyée à la muraille. Nous nous regardâmes. Mais l’obscur soleil de minuit baignait pour moi sa face douloureuse ; je ne voyais ses larmes qu’à travers les miennes.