Aller au contenu

Page:Renard - Le carnaval du mystère, 1929.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
162
le carnaval du mystère

tourné le bord de l’eau. J’étais tout remué, tout ému, quasiment paralysé.

» — Jean-Louis, mon cher enfant ! qu’il faisait.

» Et vous dire comme il était heureux ! Et vous dire comme c’était triste !

» Alors j’ai enlevé le drap de dessus ma tête, et j’ai tout confessé en demandant pardon.

» L’autre n’a rien répondu. Vous auriez dit une statue. Je l’ai ramené à la ferme en lui prenant le bras. Il marchait comme un som­nambule. Nous l’avons fait asseoir. Il n’a pas voulu boire, ni s’étendre, ni même se reposer un peu dans le fauteuil. Il tenait à partir tout de suite, tout ·de suite… On l’a laissé faire.

» Sur le seuil, ma femme lui a dit :

» — Vous ne nous trahirez pas, monsieur Musange ?…

» Il a bredouillé simplement :

» — C’était… C’était mon dernier espoir, voyez-vous…

» Et il s’est éclipsé dans l’ombre… Puis, nous autres, on s’est couché. Mais je n’ai pas dormi. J’ai gardé les yeux ouverts jusqu’à l’aube… Il a dû se couler sans bruit dans l’étang… Je l’ai retiré tout à l’heure… Personne ne sait encore… Ce n’est pas moi qui l’ai jeté, monsieur, je vous le jure, aussi vrai que je me rends compte, à présent, de tous mes torts !… Oh ! non, je ne pense pas à ce que vous croyez…