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L’ÉTRANGE SOUVENIR
DE M. LISEROT


Quand M. Liserot aperçut, accroché au mur de mon cabinet, le tableau que je venais d’a­cheter, son attitude me frappa ; j’y démêlai autant de surprise que de perplexité.

M. Liserot, mon homme d’affaires, était un petit bureaucrate aux cheveux blancs, qui venait tous les matins mettre de l’ordre dans mes paperasses.

Le tableau, lui, se présentait sous l’aspect d’un paysage montagneux : un hameau, avec, au dernier plan, la belle découpure d’un éperon puissant.

— Ça vous plaît, monsieur Liserot ?

M. Liserot, tout menu qu’il fût, avait cou­tume de se mouvoir au ralenti, avec une sorte de majesté. Il parlait en se rengorgeant, et pesait ses mots, longuement médités.

— Môssieu, me dit-il après plusieurs secondes de réflexion, môssieu, je ne suis point qualifié