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Page:Renard - Le carnaval du mystère, 1929.djvu/176

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le carnaval du mystère

— C’est un malaise, môssieu, une véritable oppression, quelque chose de…

Il me fit face, humble et profond, et termina :

— Je crois pouvoir me servir d’un mot, môssieu, qui n’est pas de notre langage, à nous autres gagne-petit… Quelque chose de « pathétique », môssieu.

— Eh ! monsieur Liserot, si gagne-petit que vous soyez, que diable ! tous les mots du dic­tionnaire sont à votre disposition ! Mais, en vérité, ce « pathétique » achève de m’enthou­siasmer. Comptez sur moi, monsieur Liserot ; je vais me mettre en quête dès aujourd’hui.

Le marchand de tableaux ne put me fournir aucun renseignement sur l’artiste qui avait peint la toile énigmatique. Je poursuivis mes recherches avec méthode. Les moindres détails du tableau furent relevés par mes soins ; je les connus sans exception, depuis les moulures du cadre jusqu’aux caractéristiques des herbes et des buissons qu’un pinceau soigneux avait brossés devant les maisons basses du village. Celles-ci n’étaient pas anciennes ; donc, la réalité actuelle ne devait guère différer de cette image picturale. J’orientai le lieu, grâce à l’église qui, très vieille, ouvrait à coup sûr son porche face à l’ouest. Je feuilletai des albums