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l’étrange souvenir de m. liserot

de géographie illustrés. Je fis défiler dans mon cabinet tous ceux de mes amis qui se plaisaient à voyager. J’envoyai des photographies du tableau à tous les syndicats d’initiative des régions accidentées…

Chaque matin, M. Liserot m’interrogeait d’un regard chargé de crainte. Presque toujours je le trouvais immobile devant l’objet de son inquiétude. Il me confia que, maintenant, il en emportait le spectacle intérieur ; que la hantise de ce paysage le poursuivait, et que sa modeste existence en était tout assombrie.

Sur mon conseil, il remonta dans l’histoire de ses ascendants, afin de contrôler si l’un d’entre eux n’avait pu lui transmettre, par atavisme, quelque souvenir passionnel ou dra­matique qui intéressât un pays de cimes et de vallons… Besogne fastidieuse et superflue. L’âme de M. Liserot errait dans les brouillards de l’inconnu.

Enfin, j’appris ce que nous désirions décou­vrir. Un visiteur m’en instruisit. Les hasards d’une villégiature à Aix-les-Bains lui avaient fait connaître, au cours d’une excursion, le modèle de ce portrait verdoyant.

Je dis à M. Liserot :

— Ça y est ! Ça se trouve dans le dépar­tement de l’Ain, près de Culoz. La montagne, c’est le Colombier ; le village, Talissieu. Eh bien ! ça ne vous dit rien ?…