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à l’eau de rose

importance, qu’elle ne savait pas où se cachait Olivier ; qu’il l’avait fuie ; que c’était un poltron et rien d’autre.

» Moi, je pensai tout de suite que l’Art avait triomphé. Parbleu ! c’était certain : la peinture avait vaincu lady Torringham, et sans doute Olivier s’était-il retiré dans quelque chartreuse, avec ses toiles et ses couleurs. Cela devait arriver. On ne pouvait pas lui en vouloir. Je me promis seulement de le découvrir, de le ramener, enfin « d’arranger tout ça ». Car il nous manquait trop, cet amuseur ! Pour s’en assurer, il n’y avait qu’à nous regarder cette nuit-là. Nous étions presque mélancoliques, malgré les saillies de lady Torringham, qui tirait pourtant son feu d’artifice des grandes occasions.

» Dès le lendemain, je chargeai quelqu’un que je sais de retrouver le déserteur. Il fallut un mois pour le dénicher, dans une petite maison d’Auteuil. Et qu’est-ce que je vous disais ? Mon gaillard y peignait, peignait, peignait, du matin au soir !

» J’allai le trouver. Ma visite l’affola. Il croyait que lady Torringham était venue derrière moi.

» — Elle me tuerait ! disait-il.

» Et sa frayeur était si forte, — si ridicule, lorsqu’on pensait à l’indifférente, joyeuse et pacifique Maud Torringham, — que cela faisait