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le carnaval du mystère

pitié. Un poltron, et rien d’autre ; elle avait bien jugé.

» Cependant, je n’oubliais pas ma mission, qui consistait à ramener dans le siècle le soli­taire d’Auteuil. Je me mis à plaider ma cause. Olivier, faiblissant, jetait des regards de déses­poir sur le tableau commencé. Je fus éloquent, je fis l’éloge du Plaisir, j’exaltai les grâces de lady Torringham… Bref, il me dit à voix basse :

» — Eh bien… soit ! Mais à une condition ; c’est qu’elle me laissera travailler. C’est qu’elle me laissera, chaque jour, un peu de temps, de liberté, dont j’userai sous son contrôle, si elle le veut. Quelques heures, que je lui demande de ne pas consacrer uniquement à sa dévotion. Qu’elle promette. Elle est loyale. Je la croirai. Proposez-lui cela, Vineuse, et faites-lui com­prendre, enfin, que ce n’est pas un partage !

» Pauvre bonhomme !

» Il va sans dire que lady Torringham accueillit d’un fou rire cette proposition.

» — Ah ! le cher vieux chéri ! fit-elle. Croyez­ vous qu’il a le frousse ! C’est bien loui !… Mais naturellement que je veux le laisse tranquille quand il désire !… Toutefois, écoutez, il m’a moquée. En quoi certainement je me vengerai. Oh ! pas la mort, pour sûr ! (Et elle riait de plus belle.) Non. Mais une gentille petite vengeance sur sa peur, qui est une si tellement vilaine