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le carnaval du mystère

mon bras devant ma figure, ce bras fut inondé du parfum le plus suave.

» — Vous y êtes ? reprit lady Torringham. Vous qui n’avez pu retenir ce mouvement pour la défense, vous voyez d’ici Olivier verte et tremblante devant le monde ? Cela suffit pour ma vengeance. Et vous savez : par Vénous, je fais le serment de ne pas changer cette revolver contre une véritable pistolet !

» Elle riait aux larmes, et nous aussi. On lui fit une ovation. Tout fut préparé.

» Tout fut même préparé plus complètement que l’Anglaise ne le supposait à son sens. Ne voulant pas qu’Olivier se trouvât, chez moi, par ma faute, en si fâcheuse posture, je pris soin de l’avertir secrètement de la machination, afin qu’il opposât au revolver de la Sainte-Farce un visage de bravoure. De cette façon, Maud aussi serait mystifiée, mais sans le savoir. Et qui sait ? Ne serait-elle pas fière de la belle contenance d’Olivier ?…

» Je lui avais pourtant juré mes grands dieux que son amant ne saurait rien…

» Que mes grands dieux me pardonnent, ainsi que l’Autre ! puisque c’est grâce à mon parjure, à mes révélations (sans doute prévues de lady Torringham) qu’Olivier Michel s’avança crâ­nement à la rencontre du revolver, et qu’il reçut droit dans les yeux le jet liquide…

» Le malheureux ! Il se roulait sur le tapis,