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le carnaval du mystère

voyageurs… Ils étaient si petits, si petits, tout seuls dans la vaste plaine… Mais, quoi ! La Maison-Bleue n’était pas au bout du monde ! Et puis, n’est-ce pas, il faut bien habituer les enfants à se débrouiller…

Son homme l’appela, de l’intérieur :

— Marie !

La porte, avec un cliquetis de loquet, se referma sur elle.

— Bah ! Il n’y a rien à craindre !

Nane et Pierrot — neuf ans, dix ans — che­minaient, la main dans la main. Du village à la Maison-Bleue il n’y avait pas plus de trois kilomètres. Un sentier conduisait, tout droit, de l’un à l’autre, à travers des ondulations, — un très joli sentier, bien ombragé, longeant le ruisseau. À droite, les champs montaient ; un talus bombait sa muraille ronde, velue d’avoine, puis de seigle, puis de blé, puis de colza, puis de sarrasin, puis de maïs… À gauche, s’enfonçait un ravin boisé, au fond duquel l’eau courante mettait des reflets et des murmures.

— On va voir Polyte, dit Pierrot.

— Oui, dit Nane qui se mit à rire en sautant d’une jambe sur l’autre.

— On va lui jeter des pierres ! reprit Pierrot.

— Le v’là ! fit Nane.