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Page:Renard - Le carnaval du mystère, 1929.djvu/200

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le carnaval du mystère

— Oh ! pardon ! pardon ! suppliait le mala­droit. Je ne pensais plus… Tu vois, la misère… On deviendrait méchant…

— La misère ?

Deux larmes brillaient dans les yeux de Schwartz.

— Écoute, lui dit Vigneux, je ne suis pas riche, oh, non ! Même, à l’heure qu’il est, je ne pourrais rien faire pour personne. Mais je vais probable­ment battre le record de la hauteur. Je le crois. Je sens que je vais monter très haut, ce matin. Nous reparlerons de tout cela quand je serai descendu, n’est-ce pas ? Compte sur moi.

Je crus que Schwartz allait lui baiser les mains.

À ce moment, nous sortions l’appareil. On dissuadait Vigneux de prendre l’air. J’enten­drai toujours Borsinof, l’aviateur russe, qui parle comme avec une langue en fourrure, pré­tendre que c’était un suicide. À ces mots, Vigneux éclata de rire.

— Je vous jure, fit-il, que l’existence ne m’a jamais paru si agréable, et que j’y tiens autant que vous. Mais il se trouve que j’ai fort envie de gagner cette coupe ; et je sens que je vais monter très haut, ce matin. Soyez tranquilles, et merci.

Pour mon compte, monsieur, je ne lui disais rien, le sachant aussi brave qu’adroit et aussi adroit que têtu.