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LE PAPILLON DE LA MORT


Au détour d’une haie, j’aperçus maître Jaco­bus. Il était debout, les mains aux poches, devant ses ruches d’abeilles. Ce ne pouvait être que lui ; sa petite taille m’en assurait. Quand il se retourna au bruit de mes pas sur le sentier, sa laideur m’interdit. Ma mère avait négligé de m’instruire à ce sujet, mais peut­ être, du vivant de mon père, maître Jacobus offrait-il un aspect plus aimable.

Il avait le dos rond, le teint sombre, le nez manqué, l’œil gauche crevé et, sur tout cela, une expression de méchanceté qui éveillait du même coup la défiance et la tristesse.

Je le saluai en ôtant ma toque bien poli­ment.

— C’est moi Fritz Moser, lui dis-je, le fils de votre ami Hans Moser qui est mort.

Maître Jacobus me tendit la main. Je repris :

— Voici une lettre de ma mère pour vous, maître Jacobus.