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le carnaval du mystère

ne cessa de pleuvoir. Nous avançâmes à marche forcée, si bien qu’aux premières lueurs de l’aube l’armée se trouva en ordre de combat, sans que l’ennemi se fût douté de rien, à une portée de canon de son camp. Nous étions sur une hauteur, à la lisière d’une forêt qui dissi­mulait notre présence. On découvrait de là l’enceinte des tentes, puis, plus loin, le sillon de la tranchée qui enfermait la ville, et enfin cette malheureuse ville elle-même, qui soute­nait un long siège avec une admirable fermeté, et que nous allions délivrer.

La diane retentit dans le camp. Aussitôt, le canon de M. d’Argentierre se mit à tonner ; et nos bataillons descendirent la pente dans un arroi superbe.

Ils tombèrent sur des gens qui s’éveillaient à peine et dont la plupart s’enfuirent à demi vêtus. On les poursuivit sans merci, car les ordres de M. le Maréchal étaient impitoyables, et je savais qu’une bande de goujats d’armée, for­mant une sorte d’arrière-garde, avait mission de ne rien laisser derrière nous qui fût en vie, à l’exemple de ce que l’ennemi avait fait lui­ même auparavant.

La tranchée, pourtant, se défendit mieux. Ceux qui l’occupaient étaient en armes et sur le qui-vive. Mais les assiégés firent une sortie en masse, qui les prit à revers. Et bientôt on ne se battit plus qu’à l’occi-