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le carnaval du mystère

— Docteur, dit Méphistophélès, décidez-vous. Encore un coup, que vous faut-il ? Ce n’est pas que je sois pressé : l’éternité m’appartient. Mais je redoute les rhumatismes tout comme un autre. Et puis, je vous en avertis : pour peu que vous méditiez encore un quart d’heure ; le fauteuil sera percé, et vous devrez le faire réparer ou l’utiliser à la garde-robe…

Faust, indécis, le bras allongé sur une table épaisse, faisait tourner machinalement la coupe pleine du breuvage empoisonné.

— Vous avez un fameux défaut ; reprit Méphistophélès. Et c’est, ne vous déplaise, de trop réfléchir. Vous couperiez, ma foi ! un cheveu de femme en quatre, — ce qui est déjà remarquable, à l’époque où nous sommes.

Perplexe, Faust remuait dans sa tête les pen­sées de sa philosophie. Qu’allait-il demander, en vertu du pacte ? Quel souhait accompli lui rendrait le goût de vivre ?

— Je m’en vais ! dit le Diable en se levant. Au revoir, docteur. Je reviendrai. D’ici là, vous aurez pris parti.

— Non ! Reste ! s’écria le penseur. Un instant ! Encore un instant !

— Soit ! accepta le Diable, qui se rassit.

Faust lui présenta son drageoir.

— Un bonbon ? fit-il.

— Volontiers.

Mais, négligeant ces friandises, le Diable