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la merveilleuse énigme

extrêmement intrigué. Le réglage ne correspond à rien en ce moment, et j’avoue…

Ma main s’étendit tout à coup, imposant le silence. Ce que Régis appelait « des tambours » produisait, en vérité, le bruit ronflant d’une vingtaine de caisses, battues à la cadence du pas de charge. Mais, sous ce bruit, ou derrière ce bruit, on percevait le vaste brouhaha d’une foule houleuse. Et presque aussitôt il n’y eut plus que l’immense rumeur de cette foule. Les tambours avaient cessé de battre.

« C’est impossible ! pensai-je. Ma fantaisie déguise les sons. Tout cela : friture ! Rien d’autre. »

Mais des voix fusaient. Des clameurs traversaient l’énorme murmure humain :

— Vive la Nation ! — Mort aux tyrans ! — La liberté ou la mort !

Un fausset tragique, d’enfant ou de femme, entonna :

— Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira !

Et puis, dans cette mer sonore, s’approcha quelque chose comme un flot d’invectives et de vociférations, qui venait lentement et propageait un déchaînement inexprimable.

Là-dessus résonna un commandement militaire, bref, âpre, que nous ne pûmes préciser. Aussitôt, les tambours recommencèrent à gronder, non plus en cadence, mais de façon à moudre un tonnerre continu et assourdissant,