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Page:Renard - Le carnaval du mystère, 1929.djvu/46

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le carnaval du mystère

rêves et — Dieu me pardonne ! — des tendres entretiens… Le feu, parce qu’il flambe, allume des reflets rouges un peu partout. La commode ventrue s’empourpre. Et voyez : le carafon du « verre-d’eau » contient du sang.

Ah ! Ainsi rougeoyait-il, l’autre hiver, un soir pareil à celui-ci, quand vint ici même, pour la première et la dernière fois, celle que je nommais secrètement Elmina ! Ainsi se teignait d’incandescence le carafon de cristal qui figurait innocemment — innocemment, semblait-il, — parmi toutes les choses qu’elle pouvait voir en entrant.

Mais vit-elle quoi que ce fût ?

Une étrange épouvante la possédait. Je me rappelle l’amère surprise que j’en ressentis.

Seigneur ! Fou de joie et d’orgueil, je l’attendais en frémissant, derrière la porte du palier, — la porte entr’ouverte. (Et, loin de moi, dans la solitude de cette chambre où seul vivait le feu, le carafon était placé par le Destin ! Et personne au monde ne l’aurait distingué, pour aucune raison, parmi toutes les choses qui l’environnaient !)

Enfin je perçus, dans l’escalier, la monte furtive et précipitée d’Elmina, — si précipitée, je vous le dis, que j’appréhendai que ma visiteuse ne fût poursuivie.

Elle entra, haletante, énervée. Elle défit, d’un doigt brusque, comme si elle eût étouffé,