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le verre d’eau

— Oh ! Oh ! continuait Elmina. Comment ferai-je pour sortir ? On me verra certainement. D’ailleurs, on m’a vue entrer, sans aucun doute ! Comment faire ? Il faut pourtant que je sorte d’ici !… Et je ne serai pas chez moi avant une demi-heure !…· Au moins !

— Calmez-vous, suppliai-je. Dans quel état vous vous mettez ! Vos mains… Si, donnez les-moi… Oh ! Toutes moites, et frissonnantes, et elles brûlent ! ·

— J’ai si peur, si peur, si peur !

Malheureusement, elle ne pleurait point. Sans quoi j’eusse triomphé, à ce qu’il me semble.

— Tout à l’heure, repris-je, vous étiez pâle comme la mort, et maintenant voilà vos joues enflammées.

— J’ai soif, dit-elle.

Et c’est ce mot-là ·qui était écrit entre toutes les écritures du livre d’Allah. Et qui sait… (Oui, qui sait si, à cette minute fatale, le reflet du feu ne dansa pas dans l’eau du carafon, comme un diabolique poisson rouge ?)

J’offris du vin d’Espagne, que j’avais galamment préparé.

— Non, dit Elmina. De l’eau, s’il vous plaît.

Alors, je me dirigeai vers la commode ; je versai, dans le verre, de l’eau du carafon de cristal…

Et Elmina but sa mort avec délices.

Non que l’eau fût glaciale, non plus qu’em-