SONIA MANIEWSKA
Sonia Maniewska ? Oui, une actrice esthonienne. Je l’ai bien connue. Vassili Somenef en était fou. Elle fut, pendant deux ans, sa maîtresse en titre, c’est-à-dire, n’est-ce pas, une sorte de tzarine rouge… Petite, souple, féline, avec de longs yeux ensorceleurs, elle avait su charmer le terrible commissaire du peuple. On disait même qu’elle le tenait en esclavage sous ses caresses.
J’ai dîné souvent chez lui, avec elle et quelques familiers, dans l’ancien oratoire de la Grande Catherine. Des peaux d’ours blancs jonchaient la mosaïque. La coupole basse, constellée de lampes électriques, jetait sa clarté sur une table costumée de dentelles et surchargée de cristaux et d’orfèvreries. Des tziganes chantaient, cachés derrière un décor de paravents, et, toutes les fois qu’une porte s’ouvrait pour le service, on apercevait dans l’ombre de la