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sonia maniewska

oui, c’est vrai. Je te hais, Vassili Somenef. Depuis deux, ans je n’ai fait que te berner, te combattre, te nuire ! J’ai servi mon pays contre toi. Demain je t’aurais tué… Je ne suis pas peureuse. Je ne baisse pas les yeux. J’ai fait mon devoir ; fais le tien.

L’autre s’était levé, hagard. Tous deux s’examinaient à travers un monde noir, au-dessus d’un abîme affreux.

Il dit :

— Je voulais seulement te mystifier, Sonia…

Un moment, le silence fut tel qu’on entendit la neige tomber sur les balcons. Puis Sonia, très calme, répliqua :

— Moi aussi. Ne suis-je pas comédienne, Vassili ?

Je soutenais Nathalia, qui venait de s’évanouir.

Nous dînâmes cependant, aux accents des tziganes. On but beaucoup. Très tard dans la nuit, nous laissâmes les deux amants à leur bonheur…

Mais personne n’a jamais revu Sonia Maniewska.