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Page:Renard - Le carnaval du mystère, 1929.djvu/54

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le carnaval du mystère

niche profonde, à la place de l’autel disparu, se trouvait bien masquée par une tenture. Puis il appela lui-même quatre gardes rouges, leur ordonna de placer au centre de la salle une haute cathèdre, et s’assit, ayant deux gardes à sa droite et deux à sa gauche.

Sonia fit une entrée tumultueuse.

Elle s’arrêta brusquement, stupéfaite, interrogeant du regard Vassili, qui la toisait comme un justicier.

Nous la vîmes, dans un instant, pâlir jusqu’à la blancheur d’une morte et porter la main à son cœur.

Vassili, les narines pincées crispant sa griffe livide aux bras de la cathèdre, jouait sans effort son rôle d’épouvante.

Sonia, vacillant, balbutia des mots inintelligibles.

— Espionne ! Traîtresse ! prononça lentement le commissaire du peuple. Enfin te voilà démasquée !…

Je le connaissais. J’avais saisi, à l’inflexion de sa voix, à la grimace de sa bouche, qu’il estimait la leçon suffisante et la plaisanterie peut-être excessive. Je sentais qu’il allait éclater de rire… Il s’en fallut d’une demi-seconde, sans doute, que la destinée reprît son cours habituel. Mais Sonia tout à coup s’était redressée, et, vibrante :

— On m’a vendue, n’est-ce pas ? Eh bien,