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Page:Renard - Le carnaval du mystère, 1929.djvu/59

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l’écharpe gris souris

hôtel, dans l’immense grenier qu’on a surnommé la Galerie des Robes.

» Des robes, il y en a plus de trois cents. Il y en a de toutes sortes. Les enfantines ont des jupes cloches, les autres des crinolines ou des tournures, quelques-unes sont des fourreaux. On y voit des ajustements déshabilleurs, du temps que la princesse était presque dodue, et des atours étoffés, du temps qu’elle fut si mince… Le crêpe de veuve n’est pas distant du voile nuptial… Ah ! la robe de mariée, jeune homme ! Quel chef-d’œuvre, signé Leclerc et Ducellier !… Plus tard, — plus loin, veux-je dire, — voici la tunique polonaise de canezou et la traîne en poult de soie rose glacé, qui ont servi pour le portrait par Winterhalter. À côté, paradent les tenues de cour, décolletées selon l’étiquette (car nous fûmes dame d’honneur de l’Impératrice !) et parmi celles-là, monsieur, la robe tourterelle, création de Roger, et qui, aux yeux de la princesse, matérialise…

— Matérialise quoi, madame ? Je vous en conjure…

— Eh là ! Je viens d’avoir la langue un peu longue ! Mais, après tout, puisque vous ne verrez pas la Galerie, je veux bien, en guise de compensation, vous conter une historiette qui s’y rapporte. Écoutez-la donc.

» Monsieur, il manque quelque chose à la robe tourterelle. Et c’est une écharpe de gaze