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L’HOMME QUI A ÉTÉ MORT


Au mois d’août 1865, je passai quelques jours à Wildesheim, petit village d’Alsace, chez mon vieil ami le pasteur Cornélius. Un dimanche, comme nous allions paisiblement côte à côte le long de la rue principale, un jeune homme nous croisa. Il salua son pasteur avec un profond respect, et je fus si frappé de sa physionomie que je demandai à mon compagnon quel était ce passant et pourquoi son visage pâle, encadré de magnifiques cheveux bruns, offrait une expression si rêveuse et si belle.

— C’est Walter Schmidt me fut-il répondu, l’homme qui a été mort.

Je dévisageai le pasteur Cornélius de telle façon qu’il se mit à rire ; et, sans attendre que je l’en priasse, il commença l’histoire suivante :

— Tenez, me dit-il alors que nous nous engagions sur le pont du Rhin, voici précisément le décor du drame. Écoutez-en le récit :

» Il y a bientôt deux ans, si le hasard d’une