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Page:Renard - Le carnaval du mystère, 1929.djvu/79

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l’homme qui a été mort

m’est revenu au fond du Rhin, quand j’ai perdu connaissance.

» Une espèce de rêve m’a fait croire que j’étais déjà mort et que je pénétrais dans le séjour des âmes… Mina m’est apparue. Elle me tendait les bras d’un air désespéré. Et moi, je comprenais qu’il me fallait m’éloigner, renoncer à la revoir jamais… Et j’allais, en effet, me mettre en route dans l’infini, le cœur en deuil, lorsqu’une force toute-puissante m’a retiré de l’au-delà… Ce n’était qu’un délire de moribond, une folie de ma cervelle !… »

» À ces mots, mon cher ami, une inspiration me vint, à laquelle je ne pus résister. Et je me récriai :

» — Tu crois que c’était du délire, Walter ? Eh bien, non, mon cher petit ! Tu n’as pas rêvé. Demande à tous ceux du village qui étaient là. Ô mon enfant, c’est une terrible aventure que la tienne ! Tu as été mort ! Tu as réellement foulé le seuil de l’autre monde, et c’est Mina elle-même que tu as aperçue pendant ces minutes mortelles, — Mina qui t’attend là-haut et qui t’y recevra quand Notre-Seigneur voudra bien te rappeler à lui !

» Alors, je racontai toute l’histoire. Et pendant que je parlais, peut-être en narrateur trop persuasif, la face de Walter s’illuminait d’une clarté céleste. Il répétait tout bas, avec ravissement :