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la sonnette

dont je sentis la tristesse, effleura mes lèvres, et je tirai sept fois la sonnette d’antan.

Je savais bien, je savais trop que personne ne viendrait surtout vêtu d’écarlate, « l’épée au côté et la plume au chapeau ». Personne ne vint, en effet, — du moins de telle sorte que je pusse m’en apercevoir.

— Oh ! ma douce, ma mystérieuse et naïve enfance ! pensai-je seulement. Qu’ai-je fait de toi ?

Plongé dans une amère rêverie, je regardais douloureusement le câble de soie dont ma main serrait encore l’extrémité. Ce câble constituait, somme toute, une excellente corde, solide et suffisamment longue… On l’eût passé fort aisément dans cet anneau qui marquait le milieu du plafond, au centre d’une rosace…

— Mourir ! Oui, oui, me dis-je, voilà pourquoi je suis venu !

D’une secousse, je rompis l’attache supérieure de la cordelière. La clochette éloignée eut un sursaut retentissant, et la corde rouge tomba dans mes mains.

Je fis un nœud coulant.

Mais une voix intérieure — une voix de vieille dame péremptoire — me dit tout à coup avec une netteté extraordinaire et une ironie sans pareille :

— Eh bien tu vois : le Diable est venu, mon garçon !