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le carnaval du mystère

Son oreille, avec une intensité presque effrayante, retentit des derniers bruits qu’elle avait perçus : le sifflement de l’air pendant la chute, un cri d’angoisse de Jeannine et le tonnerre de l’avion se fracassant.

Cette blancheur : une aile de son biplan, l’aile droite. L’autre : anéantie, déchiquetée, après s’être repliée inexplicablement, à 400 mètres du sol.

Un instant, l’épouvante habita Villiers, comme un hideux parasite. Était-il blessé à mort ?… Remuer, bon Dieu ! Remuer !

Un spasme le dressa, — un spasme qui aurait pu se traduire par un simple frisson du haut en bas d’un corps paralysé. Mais non, n’est-ce pas ? Il était bien debout, sain et sauf ?… Il ne savait plus. Tout basculait : le bois, les débris, les formes… Le monde tanguait comme un navire…

Avait-il rêvé qu’il se levait ? Ou bien venait-il de retomber ?… Le brouillard noir se jouait de sa vue. Pendant quelque temps, on eût dit que quelqu’un ne cessait d’éteindre et de rallumer le jour. Puis la volonté fut victorieuse du terrible sommeil ; et Villiers, sagement, attendit sans bouger.

On ne pouvait tarder à venir. Ce bois n’était pas à cinq kilomètres des hangars. Les mécanos avaient assisté, de loin, à la catastrophe. Ils allaient arriver…