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Page:Renard - Le carnaval du mystère, 1929.djvu/90

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le carnaval du mystère

Un gémissement s’éleva, derrière lui.

Il se retourna sur ses paumes, et vit l’autre, le troisième, qui râlait au pied d’un gros arbre.

L’autre était rouge, presque violet. Il gisait parmi les restes de la carlingue, et sa bouche s’ouvrait rythmiquement, comme celle d’un poisson tiré de l’eau.

Villiers, à distance, l’examina. Villiers avait recouvré le sens de la vie. L’avenir, à nouveau, perçait devant lui ses perspectives féeriques, et, malgré le poids affreux de ses jambes, malgré la gaine de marbre qui montait, montait vers sa poitrine, il voulait obstinément survivre — et jouir !

Ce mari ! Le destin pouvait le tuer sur le coup. Le destin était contre Villiers… Cependant, juste au-dessus de la tête rouge, par un hasard curieux, le moteur, bloc menaçant, restait suspendu dans les branches… Les branches pliaient… Il semblait que la moindre surcharge dût faire tomber la masse homicide… Et bien malin celui qui, dans le chaos d’un avion détruit, pourrait reconstituer les circonstances d’une mort !…

Villiers chemina sur les mains, hâlant son corps à la remorque.

Il put se soulever, pourtant, jusqu’aux branches. Il souffrait, à crier. La sueur ruisselait sur son visage comme de la glace fondue…