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LA GLOIRE DU COMACCHIO

Sa véhémence ne tarissait pas. L’idée de sa défaite, virulente, faisait fermenter les autres.

— « Ce ne serait rien encore ! Mais toutes ces familles souveraines — fais le compte et vérifie, Tubal : Sforza à Milan, Malatesta à Rimini, Médicis à Florence, Este à Ferrare — ont l’habitude héréditaire du meurtre ! Altesse ou prélat, excellentissime ou révérendissime, tous, façonnés par Michiavelli à l’image de Cesare Borgia, manient le cantarelle et le curare aussi bien que la cordelette et le stylet. On empoisonne, on étrangle, on égorge, puis on marmotte une oraison ; n’y pensons plus ! D’ailleurs, t’imagines-tu qu’on emploie seulement le fer et le feu, le lacet et le venin ? Ouais ! » Cesare se rapprocha de son confident : « Ils se servent de maléfices ! J’en suis sûr. Il y a douze ans, mon protecteur est mort de consomption, d’une manière surnaturelle ! »

— « Qui donc ? »

— « Galeazzo Biscanti, le provéditeur. »

— « Ah ! le digne homme ! » déplora le Juif. « Je me souviens de lui… »