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L’HOMME AU CORPS SUBTIL

ner, Mme Sambreuil et moi, lorsque Bouvancourt fit irruption dans la salle à manger.

Son affolement nous bouleversa.

Je lui administrai coup sur coup deux verres de ratafia qui le remontèrent. Au bout d’un certain nombre de soupirs et d’exclamations telles que : « Oh ! là ! mon Dieu ! — Mon Dieu ! Est-il possible ! — Moi ! moi ! Mon bon docteur ! — Ah ! madame, si vous saviez !… » etc., — l’excellent homme fondit en larmes, et commença de nous faire savoir ce qu’on a déjà lu, complété de ce qu’on va lire.

Quelques heures auparavant — il était, je crois, neuf heures du matin — Bouvancourt s’était mis au travail d’assez mauvaise humeur, à cause d’un employé du chemin de fer, chargé d’une caisse d’appareils, qui l’avait heurté maladroitement, au point de lui meurtrir l’épaule. Toutefois, il avait entrepris sur-le-champ le déballage des précieuses verreries et leur disposition sur les tablettes du laboratoire.

La besogne tirait à sa fin, quand un jeune garçon de fort belle apparence entra sans