de lait. Il l’a posée dans un coin. Il y pousse le chat et dit :
— Régale-toi.
Il lui flatte l’échine, lui donne des noms tendres, observe ses vifs coups de langue, puis s’attendrit.
— Pauvre vieux, jouis de ton reste.
Le chat vide la tasse, nettoie le fond, essuie le bord, et il ne lèche plus que ses lèvres sucrées.
— As-tu fini, bien fini ? demande Poil de Carotte, qui le caresse toujours. Sans doute, tu boirais volontiers une autre tasse ; mais je n’ai pu voler que celle-là. D’ailleurs, un peu plus tôt, un peu plus tard !…
À ces mots, il lui applique au front le canon de sa carabine et fait feu.
La détonation étourdit Poil de Carotte. Il croit que le toiton même a sauté, et quand le nuage se dissipe, il voit, à ses pieds, le chat qui le regarde d’un œil.
Une moitié de la tête est emportée, et le sang coule dans la tasse de lait.
— Il n’a pas l’air mort, dit Poil de Carotte. Mâtin, j’ai pourtant visé juste.