— Oui, dit Poil de Carotte, quoique je n’aime pas beaucoup ça. L’eau reste dans mes oreilles, et j’aurai mal à la tête.
Il cherche un endroit où il puisse apprendre à nager, c’est-à-dire, faire aller ses bras, tandis que ses genoux marcheront sur le sable.
— Tu te presses trop, lui dit M. Lepic. N’agite donc pas tes poings fermés, comme si tu t’arrachais les cheveux. Remue tes jambes qui ne font rien.
— C’est plus difficile de nager sans se servir des jambes, dit Poil de Carotte.
Mais grand frère Félix l’empêche de s’appliquer et le dérange toujours.
— Poil de Carotte, viens ici. Il y en a plus creux. Je perds pied, j’enfonce. Regarde donc. Tiens : tu me vois. Attention : tu ne me vois plus. À présent, mets-toi là vers le saule. Ne bouge pas. Je parie de te rejoindre en dix brassées.
— Je compte, dit Poil de Carotte grelottant, les épaules hors de l’eau, immobile comme une vraie borne.
De nouveau, il s’accroupit pour nager.