Mais grand frère Félix lui grimpe sur le dos, pique une tête et dit :
— À ton tour, si tu veux, grimpe sur le mien.
— Laisse-moi prendre ma leçon tranquille, dit Poil de Carotte.
— C’est bon, crie M. Lepic, sortez. Venez boire chacun une goutte de rhum.
— Déjà ! dit Poil de Carotte.
Maintenant il ne voudrait plus sortir. Il n’a pas assez profité de son bain. L’eau qu’il faut quitter cesse de lui faire peur. De plomb tout à l’heure, à présent de plume, il s’y débat avec une sorte de vaillance frénétique, défiant le danger, prêt à risquer sa vie pour sauver quelqu’un, et il disparaît même volontairement sous l’eau, afin de goûter l’angoisse de ceux qui se noient.
— Dépêche-toi, s’écrie M. Lepic, ou grand frère Félix boira tout le rhum.
Bien que Poil de Carotte n’aime pas le rhum, il dit :
— Je ne donne ma part à personne.
Et il la boit comme un vieux soldat.