Page:Renard - Sourires pincés, 1890.djvu/39

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ramena le drap sur lui, et, le front au mur, attendit le sommeil. Aline demanda :

— « Je peux éteindre ? » —

— « Parfaitement ! » —

Au souffle d’abord maladroit, puis rectifié d’Aline, la flammèche de la bougie s’envola comme une petite âme dans les ténèbres. Craintivement et frileuse, Aline s’étendit tout au bord du lit, et, entre les deux époux, l’espace indifférent s’échauffa peu à peu aux effluves entrecroisés de leurs chairs, cependant que leurs deux haleines, rythmiques et fortes, chassaient régulièrement devant elles les essaims invisibles des globules d’air expiré.