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Page:Renard - Sourires pincés, 1890.djvu/70

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s’agissait de la tourner avec tranquillité et prudence, comme un arbre qui, déraciné par le vent, barre la route. M. Repin se leva également et commença une promenade à l’exemple de M. Gaillardon, mais en sens opposé. Au troisième croisement :

— « Monsieur, dit-il, je ne vous dirai pas que je suis surpris, je suis étonné, profondément étonné, mais, après tout, rien n’est fait, et du moment que vous reprenez votre parole, nous vous la rendons. » —

Il était presque distingué, ayant parlé un jour, en personne, au préfet, et la gravité du cas lui faisait trouver des phrases correctes.

— « Oh, je ne réclame rien, dit M. Gaillardon, en frappant l’air de son bras comme d’un fouet. C’est fait, c’est fait, tant pis pour moi ! » —

Tout à coup on entendit des sanglots, et Henriette en larmes, les mains sur les yeux pour cacher son visage, dit, convulsée :

— « Mais, je ne tiens pas tant que cela à me marier, moi ; s’il aime mieux ma sœur, qu’il prenne ma sœur. » —

— « Ça, jamais, déclara M. Repin ; j’ai tou-