Page:Renard - Sourires pincés, 1890.djvu/71

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jours dit que tu te marierais la première, la première tu te marieras. » —

Mme  Repin semblait aussi opiniâtre, mais Henriette vint embrasser son père et lui dit :

— « Je t’assure, mon papa, que j’ai bien le temps de me marier. » —

— « Bien le temps, mais tu ne sais donc pas que tu as vingt-cinq ans, presque vingt-six. » —

— « Si, si, mais, vois-tu, j’aime mieux attendre encore un petit peu. » —

Elle le suppliait, pleurante, avec des hoquets, le dominant de tout son buste de géante, et sa voix pauvre et honteuse de se faire entendre semblait une voix amincie entre ses dents comme par un laminoir.

— « C’est honnêtement parlé » — dit M. Gaillardon.

Il lui prit les deux mains et les serra avec vigueur. Elle se laissa faire, apparemment sans rancune, tant elle trouvait simple que la chance, un moment égarée de son côté, reprît le bon chemin pour aller ailleurs, vers les autres. Mme  Repin céda la première.

— « Si elle n’y tient pas, faut pourtant pas la forcer ! » —