Page:Renard - Sourires pincés, 1890.djvu/79

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qu’on agace, les poings fermés au bord du lit.

Mais, cette fois, on lui répondit :

— « Eh bien ! après ? » —

D’un seul coup de reins, Véringue rentra dans ses draps : c’était le maître d’étude qui revenait en scène, apparu soudainement !


II


— « Oui, dit Violone, je t’ai embrassé, Marseau ; tu peux l’avouer, car tu n’as fait aucun mal. Je t’ai embrassé sur le front, mais Véringue ne peut pas comprendre, déjà trop dépravé pour son âge, que c’est là un baiser pur et chaste, un baiser de père à enfant, et que je t’aime comme un fils, ou si tu veux comme un frère, et demain il ira répéter partout je ne sais quoi, le petit imbécile ! » —

À ces mots, tandis que la voix de Violone vibrait sourdement, Véringue feignit de dormir. Toutefois, il soulevait sa tête afin d’entendre encore.

Marseau avait écouté le maître d’étude, le souffle ténu, ténu, car tout en trouvant ses paroles très naturelles et bien compréhensibles, il tremblait comme s’il eût redouté la révélation de quelque mystère. Violone continua, le plus bas qu’il put. C’étaient des mots inarticulés, lointains, des sons à peine localisés. Véringue, qui,