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vox sæculi

Soudain, parmi ce bruit de marée et de houle
Qui monte des vivants dont s’agite la foule,
Par-dessus les clameurs des cours et des sénats
Malgré les cris de fête et les cris des combats,
Une Voix s’éleva, grave, puissante et calme,
Et le monde écouta, croyant sentir la palme
D’une divine paix ombrager son front dur,
Cependant que la Voix chantait un hymne pur.


D’où venait-elle donc ? Quelle était cette bouche
Capable de dompter le tumulte farouche ?


L’un disait : « Écoutez ! Écoutez bien ces vers !
Toute l’Espagne rit et fredonne à travers.
On se croirait monté sur quelque haute cime
D’où l’on écouterait sa chanson dans l’abîme.
Tout en bas, c’est un air confus d’habañera
Que la brise, des champs, porte à la sierra.
La castagnette claque où cette Voix résonne ;
Où chante cette Voix la guitare bourdonne !