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vox sæculi

Oui ! C’est toute l’Espagne et toutes ses beautés,
Splendide de grandeurs et de futilités.
Car, tandis que le Cid heurte sa grande épée
Au sol retentissant de la route Épopée,
Sur un étroit sentier qui conduit à Burgos,
Des mules, trottinant à petits pas égaux,
Font tinter parmi les pompons multicolores
Le joyeux carillon de leurs grelots sonores.
Cette parole vient de l’Espace !
Cette parole vient de l’Espace ! — Et du Temps !
Disait alors un autre ; écoutez ces accents !
Le passé tout entier devant nous se déroule ;
Mystérieux encore, ainsi qu’un fleuve, il coule
De la source incertaine, ô Dieu, que tu créas,
Vers une mer obscure et qu’on ne connaît pas !
Les âges tour à tour passent dans la lumière,
Du meurtre de Caïn à cette heure dernière,
Et depuis les exploits des fabuleux Titans
Jusqu’à Napoléon, colosse de nos temps !
Les êtres, multitude en ce courant jetée,
De leurs bras enfiévrés battent l’onde agitée…
L’infatigable Voix nous découvre leur nom,