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POÉSIES INÉDITES
Les Petits Soldats
(monologue)
Vers les places des grandes villes,
Tous les soirs et tous les matins,
On voit courir sur quatre files
Quatre rangs de petits pantins.
Ils ont des blouses presque blanches
En toute saison. Leurs képis
Font l’effet de loin, dans les branches,
De pavots sur un champ d’épis.
Ils vont encor comme la veille,
Sans jamais dire qu’ils sont las,
Pour le civil qui s’émerveille,
Jouer en règle aux petits soldats.
Avec leurs coiffes de dentelle
Les nourrices les ont suivis.
Les bébés sont de leur avis :
C’est plus gai que Polichinelle.
Sans sourire et sans s’émouvoir
Ils gesticulent, mécaniques.
Les bonnes rêvent, à les voir,
Et les bébés leur font des niques.
