En mesure, un pas, puis un pas,
Ils vont longtemps d’un arbre à l’autre.
Il est moins frêle que le nôtre,
Le calme des petits soldats.
Puis ils font la guerre pour rire
Dans un espace limité.
De toutes parts on les admire :
C’est joliment bien imité.
" Je suis comme un vaisseau sans voiles ",
Dit un médaillé d’autrefois ;
" Ma poitrine est pleine d’étoiles,
Mais ma jambe gauche est en bois. "
Et peut-être que quelque femme
Songe à l’un d’eux, bien loin, là-bas.
Vraiment on n’a pas moins une âme
Pour jouer aux petits soldats.
Puis la nuit surprend l’exercice.
Le retour sonne à l’horizon.
Et bébé dit à sa nourrice :
" Ils vont rentrer à leur maison. "
Le lendemain la place est vide.
Les soldats ne reviennent plus.
Le citadin écoute, avide,
Ce qu’il entend de bruits confus.
Mots magiques : patrie et guerre,
Toute la rumeur des combats.
Un silence pèse où naguère
On jouait aux petits soldats.