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Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/118

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POÉSIES INÉDITES


Il est plus d’un absent qu’on pleure.

Les veilles s’attardent, le soir ;

Et, dans la ville, d’heure en heure

La peur alterne avec l’espoir.


Puis un matin tout est en fête.

Car c’est le matin d’un beau jour :

On va chercher, musique en tête,

Les petits soldats de retour.


Ils reviennent, d’un air tranquille,

Comme si rien n’était, au pas.

Salués héros de la ville,

Ils sont restés petits soldats.


Hélas ! Comme il en manque ! Un doute

Fait songer bébé, sérieux,

" Les autres sont encore en route ",

Lui dit sa mère dont les yeux


Se voilent, " Ils sont las peut-être,

Et se reposent en chemin. "

Une tristesse la pénètre :

Elle prend bébé par la main.


Mais bébé, voyant qu’elle pleure :

" Mère, je veux ", dit-il tout bas,

" S’ils ne viennent pas tout à l’heure

Jouer à leur place aux soldats. "