Il est plus d’un absent qu’on pleure.
Les veilles s’attardent, le soir ;
Et, dans la ville, d’heure en heure
La peur alterne avec l’espoir.
Puis un matin tout est en fête.
Car c’est le matin d’un beau jour :
On va chercher, musique en tête,
Les petits soldats de retour.
Ils reviennent, d’un air tranquille,
Comme si rien n’était, au pas.
Salués héros de la ville,
Ils sont restés petits soldats.
Hélas ! Comme il en manque ! Un doute
Fait songer bébé, sérieux,
" Les autres sont encore en route ",
Lui dit sa mère dont les yeux
Se voilent, " Ils sont las peut-être,
Et se reposent en chemin. "
Une tristesse la pénètre :
Elle prend bébé par la main.
Mais bébé, voyant qu’elle pleure :
" Mère, je veux ", dit-il tout bas,
" S’ils ne viennent pas tout à l’heure
Jouer à leur place aux soldats. "