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POÉSIES INÉDITES



En Mer


Les flots paraissent un amas de coussins d’eau

Tant leur écume est blanche, et tant la marche est lente.

A chaque vague flotte une étoile filante.

Il fait plus doux que dans un lit sur le bateau


La mer fidèlement pure double la nuit.

Le vent comme un lutteur fatigué se dérobe,

Et la voile du mât tombe comme une robe.

La vie en nous, hors nous, clapote à petit bruit.


Des reflets clairs font un sentier jusqu’à la lune.

Le cœur cherche la trace en vain d’une rancune.

On dort : les marins se taisent, et les rumeurs.


On ne sent plus le froid des planches sous la tête,

On peut mourir. Ainsi la mer s’est mise en fête,

Et le bateau soulève une moisson de fleurs.