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Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/191

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José s’installait à califourchon, sur un banc, entre le grand-père et Marguite.

Le grand-père peignait finement sa filasse, la mirait à la flamme.

Il chantonnait, malicieux :

— Entre en terre, sors de terre ; entre en l’eau, sors de l’eau ; casse les os pour avoir la peau.

En avait-il attrapé avec cette devinette subtile !

José cherchait. Quand on ne sait pas, n’est-ce pas ? Tous, bouche bée, attendaient. Soudain le grand-père secouait sur la tête de José un paquet de chanvre roui, José trouvait cette fois, et il riait à n’en plus finir.

Puis, au milieu du silence retombé, ne sachant plus que faire pour ne pas s’endormir, il ramassait des chènevottes, faisait, en les entrelaçant, des croix, des drapeaux, des figures compliquées, avec une attention concentrée, ou, du bout de l’une d’elles, il chatouillait Marguite à la nuque. Marguite s’y laissait prendre. Du revers de la main, elle se donnait des coups secs comme pour chasser une mouche. José, malin, retenait son souffle, attendait, puis repiquait.

— Taisez-vous donc, José.

— Ah ! Ah ! Marguite.

Et tous deux trouvaient à cette taquinerie une surprise toujours fraîche et un plaisir toujours neuf, qui suffisaient à rompre la monotonie de la veillée.

Toute la soirée on ne se parlait pas autrement d’amour.

Les domestiques avaient disparu.

Le grand-père était couché. Les bourgeois se dévêtaient, nullement gênés. Marguite jetait des cendres sur le feu, faisait encore quelques rangements,