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Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/232

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pour ses repos ; il avait des allées réglées pour faciliter ses courses, des perspectives infinies pour les brouiller, et de grands lacs où des sapins se contemplaient éternellement. Ses impressions jeunes s’ouvraient comme des yeux pour tout voir, pour tout guetter. Il sentait en lui l’éveil d’une petite âme trop sensible.

Quand, autrefois, sa mère passait avec lui près du château, le long du mur environnant, elle lui en parlait complaisamment, comme d’un monde merveilleux qu’il s’efforçait de se figurer avec de riches images, en y mêlant volontiers des apparitions de fées puissantes et maternelles.

Maintenant, il y vivait à l’aise, sûr de n’en pas sortir, un peu vain quand il traversait le village, côte à côte avec Marthe, propre comme une pièce neuve, droit, regardé, envié.

Les jours de promenade étaient ses plus beaux jours, l’enivraient de petits triomphes, le haussaient au milieu d’un tas de petits bonshommes en mauvaise humeur.

Il devait toutes ces joies à Marthe, et l’adorait.

Mais Marthe avait pour toute chose et pour lui une indifférence d’enfant débile et maladive. Comme une châtelaine en miniature, héréditaire de goûts affinés et d’une morbidesse dolente, mince et blanche, elle avait une façon qui navrait Jac de n’y point prendre garde et de le tenir à distance.

Petite fille silencieuse, elle revenait de loin, et elle en savait long. Jac en pleurait. Sa sensibilité s’aiguisait. Il devenait irritable, accessible aux impressions les plus fugitives. Un rien le froissait.

Au moment où tous ses efforts d’enfant désireux de plaire allaient égayer Marthe, quand il se trouvait