Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/235

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avec des ombrelles blanches, s’arrêtaient devant lui.

— Tu pleures, mon petit ?

— Tu boudes, mon ami ?

Jac ne dit rien.

— Voyons, pourquoi pleures-tu ?

— Oh ! le vilain qui pleure et qui ne sait pas pourquoi !

Et les deux femmes, donnant chacune une petite tape sur la joue de l’enfant, s’éloignèrent, redevenues subitement joyeuses, trouvant le soleil trop beau pour s’attarder à une douleur.

Jac suivait du regard les deux belles dames, st peu secourables, qui s’en allaient lentement.

Elles montaient une route pittoresque, se signaient devant une vieille croix penchée, pareille à toutes celles qu’on plante aux extrémités d’un village, et se dirigeaient vers un bois qu’on apercevait dans le lointain comme une grande tache noire.

L’œil de Jac restait fixé sur elles avec d’autant moins de larmes qu’elles s’éloignaient plus. Insensiblement, leurs ombrelles se rapprochaient, se touchaient, mêlaient leurs bords, et Jac les vit bientôt se confondre. Il lui sembla qu’un immense champignon blanc marchait au loin sur un grand pied noir.

Cela fit diversion à sa douleur, et il se mit à rire.

Il s’éloigna de la maison, arriva à la rivière et la remonta. Elle était séparée du château par une grande étendue de pelouse plantée de pins.

Quand il fut au pied des tours, il leva la tête et regarda longuement la fenêtre.

Sa croisée était ouverte, et le vent tirait un coin du rideau blanc, comme un mouchoir d’une large poche.