Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/240

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— Soit, dit le voyageur bien mis.

Il ajouta à Justine :

— Je bénis l’accident.

Héboutioux fît rentrer la voiture sous la grange :

— Sa pratique ne s’en irait pas.

Tous les trois regardaient l’orage.

Héboutioux lui souriait :

— On s’en moque quand on n’a pas à craindre pour ses blés, pour ses fruits. C’est même joli.

Néanmoins il compatissait aux malheurs des autres.

Le monsieur parlait d’une voix veloutée. Il expliqua la foudre, avec des anecdotes de chevelures lumineuses et de bracelets fondus. Il dit son nom :

— Comtal.

— Plaît-il ?

— Comtal.

Justine et Héboutioux se regardèrent : Comtal ! un nom de prince espagnol, ça !



II


Le lendemain, comme il était convenu, Justine et son homme alternèrent pour montrer la fête à M. Comtal. Ainsi le service du cabaret n’en pourrait souffrir.

Comtal admirait volontiers. Héboutioux se frottait les mains : on se pressait chez lui grâce à la fête et pour voir l’étranger.

— Parlez-moi d’un voyageur de ce rapport !

Il insinuait, un peu courbé, tout mielleux :

— Monsieur Comtal, tenez, par ici.