Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/248

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— Manqué, tonnerre ! Voilà le chiendent, à c’t’heure !

Héboutioux tirait de toutes ses forces.

— Tu te lasseras, quand il faudrait me dessécher !

Au plus petit mouvement de détente, Comtal s’étranglait. Le nœud lâche lui battait le menton et les épaules .

— Noue donc ta cravate !

Héboutioux donnait à la corde des secousses vives.

Au bout qui se tordait à terre, le crochet de fer sautait avec des heurts métalliques, comme un reptile furieux désarticulé. Le sol résonnait sous les coups secs du pied de bois.

— T’as balancé ma femme, chacun son tour.

Les soupirs étouffés de Comtal se perdaient là-haut, dans les briques.

D’ailleurs il ménageait ses forces et tâchait de garder l’immobilité d’un mort. Héboutioux dansait en délire, les yeux rouges.

— Tends donc la langue, mâtin sans feu ni lieu, cloche sans battant !

Une pièce de monnaie tomba par terre.

— Je suis payé, je ne vole pas. Dieu de Dieu ! que je m’amuse !

Tout à coup sa jambe de bois se prit au crochet de fer. Sans réfléchir, il se baissa pour la dépêtrer. La corde n’était plus tendue. Comtal descendit d’un trait, si brusquement qu’Héboutioux, moins lourd, monta pendu par sa jambe de bois et par une main. Soudain ils s’arrêtèrent.

Un nœud qu’on avait oublié de défaire depuis le soir des danses, trop gros pour passer dans la poulie, empêchait la corde de couler plus bas.