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LXVIII
PRÉFACE.


On écoute le son fin du bois sur le carrelage, et les sabots caressent du nez la brique rouge. "

Ils ne savent rien, n’étant pas du tout ou presque pas allés à l'école. Tout n’est point parfait, d’ailleurs, dans l’organisation de l’enseignement primaire. Mais tous ont reçu l’empreinte catholique, et les femmes la gardent mieux que les hommes. Tous croient au ciel et à l’enfer. Ils sont pourtant républicains, s’occupent de politique à leur manière et votent avec hésitation, craignant de déplaire à leur femme. Les deux principaux personnages de la commune sont le curé et l'instituteur.

Ce résumé à grands traits était nécessaire pour faire sentir l’unité d’inspiration qu’on retrouve dans la partie de son œuvre — la plus importante, — que Jules Renard a consacrée aux hommes des champs. Eut-il été préférable que tous ces traits aient été par lui-même groupés ? On voudra bien remarquer, en tout cas, que Crime de village, les Cloportes, Poil de Carotte, Histoires naturelles, Bucoliques, Nos frères farouches, c’est-à-dire six livres, sont tout entiers consacrés à la campagne, et qu’il a réuni lui-même en un autre livre, sous le titre : les Philippe, précédés de Patrie ! les chapitres du Vigneron et de Bucoliques qui concernent le ménage Philippe.

J’ai dit ce qui le différencie profondément de tous ceux qui ont, avant lui, parlé des paysans. Il y a autre chose encore, et qui est, à la vérité, très important : c’est que ses paysans et ses paysages me font penser à sa famille d’arbres qui " ne murmurent que d’accord. "

Qu’on veuille bien songer qu’il a baissé de plusieurs tons le diapason du trop fameux morceau de bravoure, de la traditionnelle description brillante, à effet. Alors que tous ses prédécesseurs et ses contemporains, romantiques, réalistes, naturalises, régionalistes victmes d’un romantisme et d’un naturalisme mitigés, plaçaient leurs ruraux