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RECUEIL INTIME


La nuit où s’échappant furtives de chez elles,
Les amoureuses vont, dans les bois, s’égarer,
Où l’âme du poète, ouvrant toutes ses ailes,
Plane dans le pays lointain qui fait pleurer.

À sa forme, ou sentait la femme gracieuse ;
On la saluait reine à son air froid et doux ;
Et quand elle marchait, ombre silencieuse,
Devinant la déesse, on tombait à genoux.

Et comme, dans la nuit, il est de pâles nues,
Sur le front de la lune, en groupe, voltigeant,
Mes rêves emportés loin des routes connues,
Se jouaient sur le bord de son croissant d’argent.