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LA DIVINE


Je suis fou, je crois, tant je l’aime,
Parce qu’elle est belle d’abord,
Et qu’à la beauté mon front blême
Va, comme l’aimant vers le nord ;

Puis c’est qu’elle est bonne dans l’âme,
Qu’elle est douce aux cœurs douloureux ;
C’est que, parfum, musique et flamme,
Tous les biens qu’elle a sont pour eux ;

Et qu’il n’est pas d’être si sombre,
Si profondément accablé,
Qui, l’implorant du fond de l’ombre,
Ne se soit trouvé consolé.

Son nom ! l’homme l’a sur les marbres
Mis de Louqsor au Parthénon.
Partout, dans l’eau, le vent, les arbres,
La nature a tracé son nom.

Son nom ! son nom ! c’est : Poésie !
La souveraine qu’à genoux
Adoraient la Grèce et l’Asie.
Hélas ! aujourd’hui, parmi nous,