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RECUEIL INTIME


Où le caméléon qui change,
Examine, d’un œil étrange,
Le singe que son bras suspend ;
Où la liane immense et souple,
Autour des arbres qu’elle accouple,
Se tortille comme un serpent ;

Là, sont les beaux oiseaux au milieu des bananes ;
Les uns contemplatifs ainsi que des brahmanes,
Les autres fourmillant de bruits et de couleurs.
Là le perroquet jase en accents persifleurs ;
Avec ses diamants sur ses plumes de soie,
L’argus tout constellé, comme le ciel, flamboie ;
Tandis qu’entremêlés dansent en tourbillons
Les tout petits oiseaux et les grands papillons.

Tous, faisant d’immenses armées,
De leur propre vue étourdis,
Ils cherchent les fleurs parfumées,
Les arbres frais, les prés verdis ;
L’eau des fleuves les désaltère,
Pour leurs ébats ils ont la terre.
Mais le firmament solitaire
N’est qu’aux oiseaux de paradis.